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Par contre, l’œuvre de Tong Zhengang, dans son ensemble, ignore les changements de direction inspirés par les recettes d’un langage codifié. Quand l’artiste ressent qu’un cycle de recherche prend fin, il n’y va pas par quatre chemins pour se lancer dans une nouvelle voie qui lui permet de réaliser des œuvres correspondant à son inspiration du moment, et qui s’impose en tant que nécessité.
Ses horizons sont trop vastes pour qu’il se fixe ou adopte un langage qui le clouera jusqu’à la fin de ses jours. Il a visiblement opté pour l’évolution, au sens propre du mot. Toutefois, pas de manière à ce que le changement soit mobilité pure. Dans la structure de l’évolution, je dirais qu’il a plutôt opté en changeant graduellement son rapport aux divers éléments de l’oeuvre d’art, obtenant ainsi l’homogénéité de son cycle créatif complet, sur la longueur et sur la durée. L’exécution du travail, le labeur artistique, n’est jamais séparée de sa pensée, de sa réflexion. On peut y discerner à la fois la spontanéité et le diagramme de l’activité mentale de l’artiste.
Ses sculptures et ses céramiques font partie de cette fête ludique, mais l’artiste est parvenu à aller au-delà de la surprise caractéristique de ces matériaux. Dans la créativité humaine, l’artiste affirme la grande équivalence de la production naturelle, et finalement la conscience de ses propres possibilités à rivaliser avec une nature enivrante jusqu’à en simuler la force d’invention. Mélangeant dessins coloriés, graffitis et formes, l’artiste, passionné par les matériaux, nous fait découvrir non seulement la grande richesse et la noblesse de la matière mais aussi le luxe qu’offre le corps humain, sous l’emprise duquel tout se met à respirer.
BRISEUR DE TABOUS
En briseur de tabous, Tong Zhengang explore dans d’innombrables lavis et gouaches, la mise à nu de corps féminins aux poitrines opulentes, flottantes. Il peint la volupté et la joie à travers une esthétique expressionniste dans laquelle la couleur perd son rôle descriptif pour agir comme une valeur autonome, propre, combinant une précision et une vision plus floue ou diluée et aboutissant à un effet visuel étonnant. Ainsi, l’oeuvre perd tout aspect provocateur et accède dans son innocence première aux aspects du sacré. Comme l’a souligné le célèbre peintre autrichien Egon Schiele, qui excellait dans l’art de se fourvoyer sous la jupe des femmes et dans l’érotisme pictural : « L’œuvre érotique a elle aussi son caractère sacré ». 4
Sa « Pink Serie », créée en 2004 et déjà partiellement publiée dans un ouvrage précédent 5, porte en soi la désarmante nudité des corps de femmes nées dans le paysage ou apparaissant en gros plan, en offrant à travers leurs seins blancs, la marque de la passion douloureuse, de sorte que chaque oeuvre devient une dangereuse charge explosive des désirs et des sentiments, dans sa beauté convulsive. Finalement, la lumière intérieure du corps des femmes, apparaît comme une parure somptueuse qui transfigure les émotions.
La puissance érotique de ces corps parvient à vaincre les menaces morales, sociales, idéologiques, et par sa lumière intérieure, ouvre la voie vers l’infini, liant étroitement le sort de la vie humaine à celui de l’univers. La complexité de ces images prête à de multiples lectures que confirme l’énigme de la transparence du corps, voie ouverte vers le recommencement.
Ces images de jeunes femmes aux yeux fermés, méditatives, nous portent immédiatement vers Goethe qui imaginait le réveil d’Ariane, empreinte d’une certaine mélancolie dans une rêverie au regard chargé de l’émotion de l’innocence première, symbole d’une pureté exempte de toute violence. On dirait que l’artiste chinois s’est mis à l’école du silence, du charme instantané d’images partagées, auxquelles il donne l’apparence symbolique du mouvement suspendu.
Il convient d’insister sur le fait que l’artiste recourt souvent à ce côté caché de la signification, qu'on peut déjà comprendre au niveau de l’histoire naturelle et qui fait clairement allusion à la différenciation florale ou végétale, voire animalière, mais que l’on peut aussi découvrir à un niveau plus profond en reconnaissant le côté magique de l’amour en tant que moteur de la nature. Par un effet de miroir, cette peinture éloquente nous renvoie l’éclaircissement imaginaire de l’artiste. Non seulement dans le sens de l’énergie qui rayonne dans ses œuvres et qui clarifie sa pensée, sa poésie emblématique, mais aussi par la présence symbolique de vrais thèmes dans l’expression allusive, dans la simultanéité instantanée du regard, pour mieux se protéger de la vulgarité matérielle. Par ce fait, les œuvres de Tong Zhengang, friand d’allusions emblématiques et de virtualité symbolique, dissimulent leur message pour réserver le secret de leur mystère profond aux initiés.
Par vocation, l’artiste demeure la part indiscutée des réalités menaçantes du monde, représentées dans ses différentes peintures, gouaches et sculptures par l’étalage d’êtres humains, d’animaux et de végétaux dans tous leurs états, tournant le dos aux acquis industriels et techniques. Toutefois, on voit parfois exceptionnellement apparaître dans ses œuvres, un téléphone mobile à l’oreille d’un personnage, ce qui constitue plutôt un clin d’œil à la présence ininterrompue de ces objets envahissants dans le paysage de notre urbanité, et apparaît comme une intrusion rare dans son univers. L’artiste se tourne vers la profondeur de son âme, vers la profondeur de son art et vers les éléments oniriques et les archétypes qui laissent peu de place aux technologies et à la gadgétisation omniprésente dans notre quotidienneté.
Sa réalité se situe au croisement du mélange de la vie et de la mysticité des plantes, des animaux et des êtres humains. Ses thèmes sont dominés par les messagers de l’essence même des êtres et de la vie : les oiseaux, les chats, les arbres et les fleurs, les visages et les corps de femmes et d’hommes, que l’artiste englobe dans les filets de son dessin,dans sa peinture métaphysique, et qui possèdent des signes identifiables et authentiques, au-delà du savoir et de la reconnaissance.
On retrouve par la suite cette image arrachée à l’anonymat, à travers une identité nouvelle dont la substance prend le sens unique de l’existence.
METAMORPHOSE PLASTIQUE
La vibration visuelle engendrée par ses sculptures et par ses installations démontre bien que l’œuvre d’art tridimensionnelle n’est pas uniquement une animation de volumes à travers des recherches en surface. Il s’agit d’une vibration des masses face à l’environnement. L’installation que l‘artiste intègre comme partie commune, inculquée de densité forte, permet aux spectateurs de retrouver le cheminement du visible et de l’esprit, qui propose une vision nouvelle, une rencontre entre l’artiste et son univers avec l’imaginaire. En fait, l’artiste conçoit la forme pour fructifier l’espace dans lequel baigne la forme. Et c’est précisément ce va-et-vient entre la forme et l’espace qui crée le bonheur ambiant dans lequel l’œuvre d’art exerce sa « radiation », une grammaire de l’être et de l’artiste. Le groupe d’artistes, auquel appartient certainement Tong Zhengang, est de ceux qui s’imprègnent de l’environnement, sont sensibles et concernés par les événements politiques, culturels et sociaux ambiants, avec tout l’impact que cela peut avoir sur eux en tant qu’êtres humains vivant dans une société, dans une communauté. Leur aventure artistique est amplement impliquée, et pas seulement leur personne. Harold Rosenberg 6 a raison de dire que « à notre époque, les mouvements artistiques stimulent l’inter-échange des idées et perceptions entre les artistes, et procurent de nouveaux points de départ pour l’invention individuelle. »
En fait, les échanges et la visibilité dans le temps et l’espace géographique offrent une diversité du panorama intellectuel et imaginatif pour l’art individualisé.
Par la matière et sa densité, Tong Zhengang accentue l’intériorité spécifique du matériau utilisé avec une structuralisation stricte, préfigurant une lecture minutieuse.
Même l’extroversion de la matière à la surface de la sculpture, quand le matériau guide la main vers l’uniformité, ne l’empêche pas de laisser la porte ouverte à une métamorphose, avec ses soudures élancées qui tendent vers une image d’ensemble objective dans le domaine de la synthèse. Toutefois, son rapprochement du surréalisme correspond à une exploration introspective, subconsciente, d’où vient l’idée des assemblages surprenants et insolites, des métamorphoses à travers lesquelles il accède à l’inventivité et à l’automatisme psychique.
Ces petits formats du début, aux impulsions poétiques, constituent en soi un cabinet de petites forces, pour ne pas dire cabinet des merveilles, élaborées dans sa technique, dominées par l’expression constructive, d’où la forme ressurgie comme un phénix de ses cendres, de rien.
Il y a dans l’attitude de Tong Zhengang une continuité pondérée, métamorphosée par une nécessité centrale, dans laquelle l’essence de l’univers et de la conscience de l’être humain le guide pour sortir de la logique rationnelle et traditionnelle, devenant une clef pour ses aspirations et réalisations picturales et plastiques. À ce moment précis, Tong Zhengang renouvelle le langage de sa sculpture, libérant son invention enfermée dans la métaphysique, un rapport de retenue et de dynamisme, laissant courir l’imaginaire sur le fragmentaire et « l’inachevé », le rêve.
Pour Rimbaud, « Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens…il cherche en lui-même, il épuise tous les poisons. »7
Dans son parcours, il semblerait que Tong Zhengang a réalisé un passage structuré par les thèmes qui l’obsèdent et qu’il ne lâche pas jusqu’à ce que les multiples aspects de ce spectre trouvent une résonance convaincante et lisible. Il cherche la clarification dans les labyrinthes de la vie qui se dépouillent au fur et à mesure de la réduction des images à un strict minimum de la ligne, de la courbe, à l’ironie révélatrice. Mais une autre vision l’a conduit à ne pas seulement considérer la sculpture comme un objet ou une métamorphose de la figure. Il a cherché à définir un espace virtuel et imaginaire, à établir une relation plus proche et immédiate entre l’œuvre sculpturale et le spectateur, qui lui a permis de déterminer les caractéristiques de son travail, dans l’expansion de relations avec d’autres zones de l’expérience et de la créativité humaines. Il synthétise les expériences artistiques de son temps et leur apporte une contribution personnelle.
Apparaissent alors les couples, les fleurs, comme une manière de paraphraser les grands fauves et l’expressionnisme allemand, peints à un moment où personne n’explore de tels sujets à la manière de Tong Zhengang.
ENTRE SEDUCTION ET PERTURBATION
L’artiste refuse de situer son aventure dans le courant artistique local, comme il récuse également la « maladie » collective de l’exploration inévitable du pop art politique. De la même façon, il refuse de se réfugier dans le courant de la peinture traditionnelle chinoise. Il continue souverainement à créer, en assurant sa propre autonomie créatrice sans ombrage, en étant lui-même. Ces quelques règles, que l’artiste pratique, apportent un éclaircissement supplémentaire et mettent en évidence le processus mental qu’il applique à sa créativité, à sa réflexion sur la tradition, à la place de la spiritualité dans la création et dans les règles de la vie quotidienne.
L’importance d’être soi-même, libre, authentique, demeure comme une constante. A l’évidence, Tong Zhengang confirme qu’il crée avec le cœur et que ses intentions demeurent intactes, appliquant une règle évoquée par le grand peintre russo-française Marc Chagall et selon laquelle « Il ne faut pas craindre d’être soi-même, de n’exprimer que soi. Si vous êtes complètement sincère, ce que vous faites, ce que vous dites, conviendront aux autres. Il faut faire attention à ne pas laisser son œuvre se recouvrir de mousse. » 8 L’artiste témoigne de son attachement à la philosophie qui confirme l’interdépendance entre les choses et les faits et dont l’amour est le moteur central. Le moteur de réjouissances dans lesquelles la transfiguration, sans apesanteur et sans résistance, s’installe comme le mécanisme d’un mouvement infini. A travers ses portraits, ses nus, ses paysages, ses natures mortes, et grâce à sa virtuosité et à sa technique, Tong Zhengang nous montre les choses et les êtres les plus humbles, dans toute leur grâce poétique, dans la candeur d’une sombre lucidité, un univers où la présence d’un bestiaire peuplé de chats et d’oiseaux, et de belles plantes humaines, nous laisse rêveurs. C’est en fait une quête de la visualité où rayonnent équilibre, sérénité et pureté dans une cohabitation harmonieuse.
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