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TONG ZHENGANG OU L’ŒUVRE D’ART A L’INSOLENCE TRANQUILLE 1

  Historian of Art and Architecture Titular Member of the European Academy of Sciences,
  Arts and Humanities par ANTE GLIBOTA
  Notre époque, médiatisée et virtualisée, prend son essor dans la créativité artistique contemporaine de sorte que comme dans le domaine industriel et économique, on perçoit aussi une tendance à la « spécialisation » dans le domaine artistique, qui véhicule une méritocratie plus visible, une richesse immédiate. Il est vrai que nous sommes très loin de l’esprit  de la  Renaissance ou de l’époque des Lumières. On pouvait alors rencontrer en une seule personnalité, des artistes polyvalents qui exerçaient avec autant de bonheur des disciplines artistiques très diverses, à la fois peintres, écrivains, sculpteurs, graveurs ou céramistes, voire scientifiques éclairés, que l’on qualifiait d’homos universalis, et dont chaque parcelle d’activité portait une forte empreinte de créativité. L’expression artistique ne connaît pas de limites dans un renouvellement constant et les époques écoulées apportent un sens des valeurs que la création et l’art régénèrent sans cesse, qu’il s’agisse de tendances ou de fortes personnalités artistiques dont l’empreinte créative émerge dans une évidence retrouvée, soulignant la remise en question de toutes les formes de créativité artistique, ainsi que la multiplication des valeurs esthétiques.
  Tel est précisément le cas de l’artiste chinois Tong Zhengang qui se consacre avec bonheur à diverses expressions artistiques, donnant à chacune d’entre elles une place et un rôle bien précis dans son processus créatif. Il remet ensuite en question le sens des valeurs que la création et l’art exercent sur notre environnement humain et social.
  Aujourd’hui plus qu’hier, face à la confusion, nous sommes souvent confrontés à l’impossibilité pour la critique de définir les actes et les faits créatifs dans leur essence lyrique, comme dans l’expression technique qui constitue le langage et la réalité même de l’œuvre d’art. Il me semble que la valeur d’un critique d’art est dans la mesure, en tant qu’expression directe et réussie des sentiments suscités par une œuvre peinte, sculptée, gravée… en tant que consensus possible du résultat ainsi obtenu.
  En fait, quelle est la place attribuée aujourd’hui à l’histoire de l’art ?
  Face à des œuvres d’art, qui nous émeuvent et nous transforment, le critique a le rôle et le devoir d’exprimer l’émotion, voire la métamorphose de l’esprit sous l’emprise d’une œuvre d’art. Malheureusement, l’histoire de l’art s’est souvent préoccupée d’œuvres secondaires et plus récemment, au cours des deux décennies écoulées, d’œuvres d’art éphémères. Le mercantilisme l’a emporté, ignorant souvent d’authentiques expressions et des chefs-d’œuvre hors du temps et indestructibles, porteurs d’une force vitale de même nature que celle des montagnes et des étoiles.
  Charles Baudelaire, l’un des plus importants poètes français qui fût aussi un extraordinaire critique d’art a dit que « la meilleure critique est un beau tableau réfléchi par un esprit intelligent et sensible ». C’est précisément dans cette citation du poète français que l’on peut trouver une réponse et la clef de l’œuvre de Tong Zhengang. Il pratique l’art comme une extension de la puissance des rites et des cérémonies, liant à partir d’actes créatifs les destins d’êtres humains au sein d’une même communauté.
  Malgré sa relative jeunesse, cet artiste a déjà réalisé une œuvre dense dans un sens quantitatif ainsi que dans un sens esthétique, exprimant son talent dans les domaines divers de la peinture, la sculpture, la céramique, la gravure et la calligraphie, et dotant son art, dans chaque expression, de valeurs poétiques évocatrices.
  RESTER MODERNE, LUDIQUE
  Tong Zhengang donne à chacune de ses expressions une touche personnelle, immédiatement reconnaissable, résolument moderne, malgré l’ambiguïté qui transparaît parfois de ses œuvres et de ses expressions multiformes. 
  Les enjeux de cette expression moderniste ne sont pas autre chose que le désir de soumettre la nature externe du monde et l’intériorité de l’homme, à la raison humaine. Le problème subsiste toutefois car en général « l’homme moderne, au lieu de chercher à s’élever à la vérité, prétend la faire descendre à son niveau. » 1 L’autre danger étant que la récupération de la pensée moderne dans l’art par le pouvoir intellectuel, risque aussi de transformer cette effervescence de la modernité en un dogmatisme ou un académisme qui néglige et anéantit l’idée réelle et la créativité, dans lesquelles l’aspect ludique de la modernité est remplacé par un formalisme sans invention.
  De toute évidence, ce n’est pas le cas de Tong Zhengang dont la modernité du langage poétique témoigne dans ses peintures d’une étonnante virtuosité et d’une authenticité qui révèlent un sens aigu et réfléchi de la composition. L’être humain et l’objet représentés semblent silencieux et immobiles, visiblement issus d’un langage psychologique comportant, d’une certaine manière, un espace particulier d’aliénation poétique. Puis le silence et la quiétude romantique de ses personnages paisibles fleurissent. Le résultat confirme l’habileté étonnante de l’artiste à opérer une synthèse accomplie des valeurs esthétiques et des valeurs psychologiques dans laquelle le comportement humain dévoile l’état de l’âme et de l’esprit.
  L’abondance des œuvres de Tong Zhengang peut, certes, témoigner de ses évolutions multiples, mais en fait son parcours artistique est caractérisé par une absence de rupture, une simultanéité des actions entreprises, avec un fil rouge qui rend le cheminement évident.
  À travers son œuvre, Tong Zhengang nous révèle une puissance vitale dans la lumière démultipliée qui souligne la couleur et la forme, pour y constituer un équilibre juste. En les réunissant, en les rapprochant, en les dessinant dans des mouvements silencieux, il accomplit ainsi une œuvre d’art à l’insolence tranquille qui apparaît comme une interrogation sur le sens créatif de notre vie.
  Riche de sa conquête d’une ample liberté d’action, il se sert des moyens les plus variés, peu préoccupé par la tournure  de style ou les formes. L’artiste a pu ainsi préserver son écart et sa distance avec toute « l’avant-garde », comme avec la tradition.  
  Dans ces magnifiques lavis et gouaches, on découvre l’origine du secret par lequel l’artiste fixe son regard dans la profondeur des êtres et des choses pour les ramener vers l’essence de leur image palpitante, frémissante, de ce qu’elle représente et de ce qu’elle ne représente pas.
  LA DANSE DES COULEURS
  L’énergie créative de Tong Zhengang se déplace dans la direction des couleurs qui occupent une place de choix dans sa créativité. Comme le souligne Novalis 2: « La couleur est en quelque sorte un état neutre entre la matière et la lumière, l’état neutre de l’une et de l’autre: un effort de la matière tendant à devenir lumière, et l’effort inverse de la lumière »
  La richesse de la couleur et la tension provoquée par l’approximation des nuances, plus particulièrement visibles dans les lavis et les gouaches, les traces opposées ou superposées de brosse, la fraîcheur des tons, accentuent soudainement le dynamisme vibrant. La danse des couleurs, dans l’imprécision “organisée”, évoque le son bref du piano, plutôt que l’instrument de percussion, les signes et les gestes de couleur explosent, créant un bouquet raffiné de leurs pulsations accélérées.
  Tong Zhengang conserve cette exubérance de la couleur et des formes en démontrant que le regard saisit et observe les choses, mais qu’en même temps, les choses et les êtres modifient le regard, dans son dedans et son dehors, révélant une transparence saisissante. Il nous conduit ainsi à une évanescence modulée qui s’ouvre sur un horizon pictural grandissant de thèmes, de sujets et de tonalités chromatiques choisis.
  Cette oeuvre faite de langage, utilise toutes les ressources de la couleur, qui articule l’espace en soi, et propose la célébration, la convivialité, l’affection, l’érotisme même, et transmet ainsi, tout au long des années, un message profondément humain.
  SERENITE DU TRAIT GRAPHIQUE
  Tong Zhengang apparaît comme un maître du trait, issu d’une grande tradition graphique ancestrale, plusieurs fois millénaires. Dans sa série de portraits, l’artiste utilise toute la subtilité en modulant le dépouillement le plus simple, la vigueur du trait des personnages, qui permettent de capter le geste rêveur de la femme insouciante accompagnée d’une gerbe de fleur, bouquet émouvant incrusté massivement à la surface de toile Malgré l’exigence d’une technique où l’encre se mêleà l’aquarelle, Tong Zhengang explore d’un geste rêveur la plasticité superbe de ses compositions.
  Le trait de sa peinture est simplifié, ainsi que de dessin issu de la pure émotion du peintre.  Parallèlement et dans la même hiérarchie, la restriction des thèmes ne signifie en aucun cas un appauvrissement. La centralité de sa démarche, de sa ligne de mire, est la figure plus que le paysage ou la nature morte. Intentionnellement, l’artiste tente de condenser la signification de la figure. Il ne recherche pas nécessairement l’idée de représenter la ressemblance, mais plutôt le sentiment que la peinture, l’œuvre une fois achevée, dégage dans la profondeur de son expression, un rythme particulier. C’est en fait une quête de visualité où rayonnent équilibre, sérénité et pureté dans une cohabitation harmonieuse.
  Dans son œuvre graphique (sur papier, sur porcelaine ou sur céramique) et peint, on dirait que Tong Zhengang cherche comment définir un mythe à travers l’imagerie de transformations magiques, fantasmagoriques, baroques, tout en gardant une modernité évidente, une liberté de l’acte qui va jusqu’à la parodie sociale et politique, avec parfois un clin d’œil d’humour, de drôlerie, tout en portant la fonctionnalité de l’image globale.
  À travers l’expression graphique intègre qui lui est propre, son art se met en évidence dans la droite ligne des grands artistes de l’avant-garde chinoise tels: Hu Xunlei, Xu Beihong, Xu Zhimo, Cheng Zhifan, Liu Haisu, Li Hua, Wen Tao... qui ont ces derniers siècles ébloui par leur rigueur, leur engagement et leur poésie créative, notamment à travers leur technique de bois gravé. Même quand il s’adonne au relief sur bois dans de très grands formats (243cmx122cm), Tong Zhengang apparaît comme un dessinateur remarquable, à l’imagination débordante. Il explore chaque sujet, nus de femmes fleuries accompagnées d’un tendre bestiaire de chats, d’oiseaux, et d’objets utilitaires qu’il compose et recompose en fragments, en mouvement, en un ensemble porteur d’une note érotique resurgie comme une source inépuisable  de l’imagination explorée.
  La mélodie de la ligne directrice, en tant que facteur d’harmonisation et de synchronisation des mouvements du corps avec le cadre environnant, permet de conclure que l’œuvre peint de Tong Zhengang préserve une unité d’éléments décora ifs, tout en conservant délibérément une certaine note d’académisme pour mieux répondre aux plus hauts degrés de l’éloquence et à la reconnaissance immédiate.
  DENSITE DE LA MATIERE ET DES ETAPES CREATIVES
  En dehors de la peinture, Tong Zhengang continue à interroger obsessionnellement  l’énigme de la matière. Un jour la céramique, le lendemain le relief sur bois, l’acier-inox chromé ou peint, avec lesquels il réinvente un cheminement en préservant une rare subtilité plastique qui émerge des  ondes de l’espace et qui obéit aux mouvements des corps. Façonnant ainsi la puissance sourde de la matière, Tong Zhengang, prisonnier volontaire de son univers, s’assigne un petit nombre de signes obsessionnels qui s’imposent à lui et qui lui suffisent pour marquer son terrain. Cette position réconforte son goût de l’aventure créative, qui lui a permis de réaliser, en toute liberté et à travers différentes étapes de création, une œuvre à multiples facettes. L’artiste chinois a abordé de nombreux changements qui le classifient comme un créateur aux étapes bien définies. Mais un constat essentiel s’impose: il existe une tension quasi identique parmi ces différentes phases créatives malgré une curiosité fertile. Albert Camus a parfaitement saisi cette interrogation en disant que : « Sans doute une suite d’œuvres peut n’être qu’une série d’approximation de la même pensée. Mais on peut concevoir une autre espèce de créateurs qui procéderaient par juxtaposition. Leurs œuvres peuvent sembler sans rapport entre elles. Dans une certaine mesure, elles sont contradictoires. Mais replacées dans leur ensemble, elles recouvrent leur ordonnance »3.En même temps, dans ses multiples cycles de recherches, Tong Zhengang a su sauvegarder le sens de la passion et de l’intelligence de l’acte, une particularité et une originalité évidentes, et finalement une discipline créative qui constitue l’essentiel de ses moyens et de ses forces.
  Il est difficile de comparer ses œuvres à celles d’autres artistes, car il est son propre élément de comparaison. Il me semble que le rapprochement avec des œuvres, voire des mouvements artistiques auxquels la critique l’attache, n’a pas d’importance, car l’influence extérieure est rare ou minime. On peut, bien sûr, enrichir son métabolisme spirituel, voire son répertoire de création, mais l’essence même de sa création réside dans la route qu’il s’est lui-même tracée.

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